Le Paysage Numérique du Maroc en 2026-FLIPBOOK
novembre 25, 2025Introduction: Déverrouiller les secrets numériques du Maroc
Nous vivons dans un monde hyper-connecté, où nous pensons souvent avoir une bonne lecture des tendances numériques qui nous entourent. Pourtant, lorsque l’on plonge dans les données brutes, la réalité se révèle souvent plus complexe et bien plus surprenante que nos intuitions. Le Maroc, avec son dynamisme économique et social, ne fait pas exception à cette règle. Le paysage numérique du royaume est en pleine ébullition, mais ses contours exacts peuvent être contre-intuitifs.
C’est précisément ce que met en lumière le nouveau rapport “Digital 2026: Morocco” de DataReportal. Loin des clichés, cette analyse approfondie offre des perspectives fascinantes sur la manière dont les Marocains interagissent avec la technologie. Ce rapport est une mine d’or d’informations pour quiconque s’intéresse au marketing, à la sociologie ou simplement aux évolutions de la société marocaine.
Dans cet article, nous allons décortiquer ce rapport pour en extraire les cinq enseignements les plus percutants. Ces chiffres clés ne sont pas seulement des statistiques ; ils racontent une histoire, celle d’un Maroc numérique mature, dynamique et plein de paradoxes. Préparez-vous à voir vos certitudes bousculées.
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1. Plus de téléphones que de Marocains : le paradoxe de la surconnexion
Le premier chiffre est sans doute le plus frappant : fin 2025, le Maroc comptait 57,1 millions de connexions mobiles cellulaires pour une population totale de 38,5 millions d’habitants. Ce ratio impressionnant signifie que le nombre de connexions mobiles équivaut à 148 % de la population totale du pays.
Comment expliquer un tel phénomène ? Le rapport précise que cette situation n’est pas inhabituelle. De nombreuses personnes possèdent plus d’une connexion mobile, utilisant par exemple une ligne pour un usage personnel et une autre pour le travail. L’essor des technologies comme l’eSIM a également simplifié la gestion de plusieurs abonnements sur un seul appareil, accentuant cette tendance.
Cette hyper-connectivité est un signal fort pour le marché. Au-delà d’une simple pénétration totale, elle révèle une sophistication des usages qui ouvre la voie à des innovations majeures : essor de la banque mobile (FinTech), explosion des plateformes de commerce entre particuliers (C2C) et déploiement de services publics entièrement pensés pour le mobile.

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2. La vitesse d’Internet explose, transformant l’expérience en ligne
Un pays connecté, c’est bien. Un pays rapidement connecté, c’est mieux. Sur ce point, le Maroc a connu une progression spectaculaire au cours des douze mois précédant août 2025. Les chiffres parlent d’eux-mêmes et témoignent d’un saut qualitatif majeur pour l’infrastructure numérique du royaume.
Selon les données, la vitesse de téléchargement médiane pour une connexion fixe a augmenté de 26,32 Mbps (+89,0 %), tandis que celle pour une connexion mobile a grimpé de 19,42 Mbps (+47,5 %). Cette accélération fulgurante a un impact direct et tangible sur l’expérience de chaque utilisateur.
Concrètement, cela se traduit par un streaming vidéo plus fluide et en plus haute définition, des téléchargements de fichiers quasi instantanés, et un accès facilité à des contenus web de plus en plus riches et interactifs. Pour l’économie marocaine, cette amélioration est cruciale : elle renforce l’attractivité du pays pour les entreprises technologiques, soutient le développement du télétravail et ouvre la voie à de nouvelles innovations numériques.
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3. Facebook : bien plus qu’un réseau, une nation numérique
Si l’on devait décrire la place de Facebook au Maroc en un mot, ce serait “hégémonique”. Fin 2025, la plateforme comptait 22,8 millions d’utilisateurs dans le pays. Pour mettre ce chiffre en perspective, cela représente 59,1 % de la population totale et un impressionnant 84,5 % de la population adulte (18 ans et plus).
Fait notable, ce chiffre de 22,8 millions d’utilisateurs Facebook est identique au nombre total d’utilisateurs de réseaux sociaux identifiés dans le rapport. Cette apparente coïncidence ne signifie pas que tous les utilisateurs de réseaux sociaux sont uniquement sur Facebook, mais s’explique par une subtilité méthodologique du rapport : pour éviter les doublons entre plateformes, l’analyse globale ne retient parfois que les utilisateurs de la plateforme ayant la plus grande audience active dans le pays.
Meta, la société mère de Facebook, apporte cependant une nuance importante sur l’interprétation de ces chiffres, en précisant que les estimations d’audience publicitaire ne doivent pas être confondues avec les utilisateurs actifs ou l’engagement réel.
“Estimated audience size is not a proxy for monthly or daily active users, or for engagement. Estimates aren’t designed to match population, census estimates or other sources, and may differ depending on factors such as how many accounts across Meta technologies a person has, how many temporary visitors are in a particular geographic location at a given time, and Meta user-reported demographics.”
Cette mise en garde rappelle que les chiffres d’audience publicitaire, bien qu’utiles, doivent être analysés avec prudence et ne reflètent pas nécessairement le nombre d’individus uniques actifs.
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4. Le surprenant clivage des genres sur les réseaux sociaux
L’analyse des données démographiques des plateformes sociales au Maroc révèle une tendance générale : une surreprésentation des utilisateurs masculins. Cependant, une plateforme se démarque en inversant complètement cette dynamique, créant un clivage pour le moins inattendu.
Sur la plupart des grands réseaux, l’audience publicitaire adulte est majoritairement masculine :
• Facebook : 60,5 % d’hommes
• LinkedIn : 64,2 % d’hommes
• X (anciennement Twitter) : 77,7 % d’hommes
À l’inverse, Snapchat se distingue de manière spectaculaire. Son audience publicitaire adulte était composée à 64,6 % de femmes, contre seulement 34,1 % d’hommes. Il est à noter que les outils de Snap incluent une catégorie de genre “inconnu”, ce qui explique pourquoi la somme des pourcentages masculin et féminin n’atteint pas 100 %.
Cette fracture nette démontre qu’une stratégie numérique universelle est vouée à l’échec au Maroc. Alors que Facebook et LinkedIn restent incontournables pour toucher des audiences masculines et généralistes, Snapchat représente un canal unique et concentré pour engager une démographie jeune et féminine, moins présente sur les autres réseaux. Pour les marques, ignorer cette nuance, c’est se priver d’un accès privilégié à un segment de marché clé.
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5. La montée en puissance des nouvelles plateformes
Si Facebook domine, l’écosystème numérique marocain est loin d’être statique. Entre fin 2024 et fin 2025, plusieurs plateformes ont enregistré une croissance spectaculaire, signalant une évolution rapide des habitudes et des centres d’intérêt des internautes marocains.
Voici les chiffres de croissance les plus marquants sur cette période, en utilisant la terminologie précise du rapport :
• Instagram : a vu sa portée publicitaire potentielle augmenter de 2,60 millions d’utilisateurs (+20,8 %)
• TikTok : a augmenté sa portée publicitaire auprès des adultes de 2,68 millions (+19,1 %)
• LinkedIn : a élargi sa base de membres de 1,20 million (+21,1 %)
• Reddit : a vu sa portée publicitaire augmenter de 472 000 (+143 %), une croissance statistique particulièrement forte
Il est important de noter, comme le souligne le rapport, que les variations de la portée publicitaire ne sont pas toujours représentatives des changements dans la base d’utilisateurs actifs, une précaution particulièrement pertinente pour la croissance exceptionnelle affichée par Reddit.
Néanmoins, cette dynamique est un indicateur clair. L’attention des utilisateurs marocains se diversifie et se porte de plus en plus vers des plateformes axées sur le visuel (Instagram), le divertissement court (TikTok) et le développement professionnel (LinkedIn).
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Conclusion: Et demain ?
Ces cinq points brossent le portrait d’un écosystème numérique marocain extraordinairement dynamique. La combinaison d’une pénétration mobile quasi totale et d’un accès internet beaucoup plus rapide crée un terrain fertile pour la croissance fulgurante des plateformes visuelles comme Instagram et TikTok. Cette évolution n’est cependant pas uniforme ; elle crée des silos démographiques distincts et surprenants, même si Facebook conserve son statut de place publique numérique par défaut du pays. Le Maroc numérique est mature, mais il continue de surprendre et d’évoluer à grande vitesse.
Face à une telle rapidité d’évolution, une question demeure : quelles nouvelles tendances inattendues les prochaines données nous révéleront-elles ?thumb_upGood reportthumb_downBad report

